jueves, 20 de noviembre de 2008

L’Étranger

–Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis? Ton père, ta mère, ta soeur ou ton frère?
– Je n'ai ni père, ni mère, ni soeur, ni frère.
– Tes amis?
– Vous vous servez là d'une parole dont le sens m'est resté jusqu'à ce jour inconnu.
– Ta patrie?
– J'ignore sous quelle latitude elle est située.
– La beauté?
– Je l'aimerais volontiers, déesse et immortelle.
– L'or?
– Je le hais comme vous haïssez Dieu.
– Eh! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger?
– J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages!


Charles Baudelaire,
(Le Spleen de Paris, 1862).


Versión en castellano de Un poema cada día


EL EXTRANJERO

–Di, hombre enigmático, ¿a quién amas tú más? ¿A tu padre, a tu madre, a tu hermana, a tu hermano?
–Yo no tengo ni padre, ni madre, ni hermana, ni hermano.
–¿A tus amigos?
–Os servís de una palabra cuyo sentido desconozco hasta hoy.
–¿A tu patria?
–Ignoro en qué latitud está situada.
–¿La belleza?
–La amaría con mucho gusto, diosa e inmortal.
–¿El oro?
–Lo odio, como vosotros odiáis a Dios.
–Entonces ¿qué es lo que amas, extraordinario extranjero?
–¡Amo las nubes…, las nubes que pasan... allá lejos... allá lejos… las maravillosas nubes!

1 comentario:

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...