lunes, 2 de noviembre de 2009

Chanson des pirates

Nous emmenions en esclavage
cent chrétiens, pêcheurs de corail;
nous recrutions pour le sérail
dans tous les moûtiers du rivage.
En mer, les hardis écumeurs!
Nous allions de Fez à Catane...
Dans la galère capitane
nous étions quatre-vingts rameurs.

On signale un couvent à terre.
Nous jetons l'ancre près du bord.
A nos yeux s'offre tout d'abord
une fille du monastère.
Près des flots, sourde à leurs rumeurs,
elle dormait sous un platane...
Dans la galère capitane
nous étions quatre-vingts rameurs.

-La belle fille, il faut vous taire,
il faut nous suivre. Il fait bon vent.
Ce n'est que changer de couvent,
le harem vaut le monastère.
Sa hautesse aime les primeurs,
nous vous ferons mahométane...
Dans la galère capitane
nous étions quatre-vingts rameurs.

Elle veut fuir vers sa chapelle.
-Osez-vous bien, fils de Satan?
-Nous osons, dit le capitan.
Elle pleure, supplie, appelle.
Malgré sa plainte et ses clameurs,
On l'emporta dans la tartane...
Dans la galère capitane
nous étions quatre-vingts rameurs.

Plus belle encore dans sa tristesse,
ses yeux étaient deux talismans,
elle valait mille tomans;
on la vendit à sa hautesse.
Elle eut beau dire : Je me meurs!
De nonne elle devint sultane...
Dans la galère capitane
nous étions quatre-vingts rameurs.

Victor Hugo
(Les Orientales, 1829)


Versión en castellano

Con cien cautivos llevamos
fletada nuestra galera,
que en una y otra ribera
para el harén reclutamos.
¡Al mar, al mar!, marineros;
en Fez entramos mañana.
Somos ochenta remeros
sobre nuestra capitana.

Junto a un convento botamos
al agua el ancla tenaz;
linda muchacha apresamos
dormida en traidora paz;
mil fantasmas hechiceros
soñaba a la mar cercana.
Somos ochenta remeros
sobre nuestra capitana.

-Forzoso es, niña, callar-.
Ea, ganemos el viento;
esto no es más que cambiar
por un harén un convento.
Os haremos mahometana
y el sultán ha de quereros.
Somos ochenta remeros
sobre nuestra capitana.

Huir desesperada quiso.
-¡Y osáis, hijos de Satán...!-
Lloró, suplicó. -Es preciso,
le contestó el capitán-.
Sus clamores lastimeros,
su resistencia fue vana.
Somos ochenta remeros
sobre nuestra capitana.

En su dolor, parecían
sus ojos un talismán,
mil cequíes bien valían;
la hemos vendido al sultán.
Lo debe a mis compañeros,
ayer monja y hoy sultana.
Somos ochenta remeros
sobre nuestra capitana.

[Traducción de José Zorrilla, 1838]

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